samedi 7 mai 2016

"Les confessions de Mr Harrison" de Elizabeth Gaskell




Résumé :


« Tout en cheminant jusque chez moi, Jack me dit : «Ma parole, Frank ! Ce que j'ai pu m'amuser avec la petite dame en bleu. Je lui ai dit que tu m'écrivais tous les samedis pour me raconter les événements de la semaine. Elle a tout gobé.» Il s'arrêta pour rire, car il était secoué par de tels accès, de tels spasmes d'hilarité, qu'il n'était plus en état de marcher. «Et je lui ai dit aussi que tu étais amoureux fou - nouveau spasme - d'une personne dont je n'avais pas réussi à t'arracher le nom, mais qui avait des cheveux châtain clair - bref, j'ai peint d'après nature et décrit avec précision tout ce que j'avais sous les yeux ; puis j'ai ajouté que je voulais à tout prix voir ta bien-aimée et la supplier d'avoir pitié de toi, car avec les femmes tu étais le garçon le plus timoré, le plus poltron du monde.» A ces mots, il fut saisi par une crise de fou rire si violente que je crus qu'il allait rouler sur le pavé.» [...] Je finis par être obligé de rire, si furieux que j'eusse été jusque-là ; son impudence était irrésistible. »

Gaskell fustige le snobisme et les fausses valeurs, la cupidité et la roublardise. Elle traque les bassesses et les hypocrisies. [...] L'ironie - quelle manie avec un art consommé - est davantage celle d'une aimable moraliste que d'une contemptrice de la société victorienne corsetée et conformiste. Mais jamais elle n'interdit à son lecteur de lire entre les lignes...

E. Giuliani La Croix, 01/04/2010


Biographie :


Elizabeth Gaskell fait partie de la grande et talentueuse cohorte des romancières anglaises du XIXe siècle, aux côtés de Jane Austen, Charlotte, Emily et Anne Brontë et George Eliot. Ses romans et nouvelles se distinguent par leur charme, leur vivacité, leur humour, leur intelligence et même leur courage, si l'on songe au tollé que soulevèrent au moment de leur parution certains d'entre eux, jugé beaucoup trop progressistes par une partie de la bourgeoisie d'outre-Manche. Malgré ses nombreuses occupations, cette femme de pasteur et mère de quatre filles a trouvé le temps de laisser à la postérité une œuvre foisonnante.


Mon avis :


« Confessions de Mr. Harrison » est un court roman, publié entre les mois de février et d’avril 1851, dans le magazine « The Ladies Companion and Monthly Magazine ». Le narrateur et principal protagoniste de l’histoire, Mr Harrison, est un jeune médecin, qui évoque avec beaucoup de réalisme et d’humour ses premiers pas dans la profession et son apprentissage de la vie sociale dans une petite ville de province.

J'adore la plume d'Elizabeth Gaskell, pleine d'ironie envers les travers et les habitudes de la bourgeoisie provinciale. Elle dépeint aussi les joies et les peines du métier de médecin de campagne, alors en pleine évolution.

« C’est en effet au cours de la première moitié du XIXe siècle que ces généralistes, dont la formation avait été jusque là assez sommaire, commencèrent à suivre des études dignes de ce nom et purent peu à peu s’élever dans la hiérarchie sociale. Mrs Gaskell connaissait bien ce milieu, car un de ses oncles maternels, Peter Holland, était justement un de ces hommes en pleine ascension sociale. Elle séjourna souvent dans sa famille, avant son mariage et eut l’occasion de le voir à l’œuvre et de l’accompagner parfois dans ses tournées. Le fils de Peter, Henry Holland, devint à son tour un médecin réputé, ce qui permit à sa cousine de se tenir au courant des progrès médicaux et scientifiques et de donner ainsi plus de vraisemblance à son personnage et à son intrigue »

J'ai lu dernièrement « Nord et Sud » et je continuerai en principe avec « Ruth » de notre auteure outre-Atlantique. J'aime ce côté très caustique qu'elle a vis à vis de la société de l'époque ainsi que toute l'hypocrisie qui existe dans les relations sociales de tout ce petit monde.

D'un autre côté, ce roman, pourrait être qualifié : comment s'en sortir, pour un jeune homme lorsqu'il se retrouve sous les yeux et les ragots d'une toute petite ville ou alors comment détruire une réputation sans en avoir l'air.

Charmant.





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